Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
LETTRES 1881-1882

séder, pas pour autre chose. Et posséder une femme me tourmente si rarement et si peu, que je n’irai jamais dresser des batteries, faire un siège, épier des sourires, etc., etc.

Quand écrirons-nous quelque chose ensemble ?

Je suis très embarrassé d’avoir pris cette grande feuille blanche et je ne sais comment remplir le verso.

Vous me demandez des vers. Je vous en envoie, au hasard. Je n’ai en ce moment aucune idée fixe en poésie. Je suis dégoûté de mon volume, parce que je me dis : Ça n’est pas ça.

Quoi ? Je ne sais encore. En attendant, je versifie par ci par là, au hasard, sans avoir une œuvre.

Vous trouverez dans cette feuille un sonnet de 1880[1], c’est le ton et le sujet de ce que j’appelais jadis « mon volume » : Les Spleens Cosmiques je crois, dans lequel une belle consommation de Soleil.

Ce volume, vous ne le connaissez pas dans sa note aiguë (entre autres une série de pièces à Notre-Dame, avec le Crucifié). Je voudrais vous le faire connaître dans cette note, mais il faudrait recopier, tirer un texte net de brouillons, et cela m’est impossible pour le moment, j’en suis dégoûté : à cette

  1. Probablement le sonnet intitulé Encore à cet astre. (Cf. Poésies, t. I., Le Sanglot de la Terre.)