Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
LETTRES 1881-1882

que j’étais coutumier de ces sortes de choses). Mais je voudrais qu’on fût bien persuadé que je supporterais tout plutôt qu’on crût que j’ai commis une impolitesse avec intention.

J’étais bien effrayé de ce thé pour ce soir, mais au bout de cinq minutes j’étais remis et j’observais des types. De bien curieux. Werner[1] (les peintures du café Bauer), Curtius, le comte de Pourtalès, etc… et les femmes…

J’ai tout de suite revu des connaissances, outre l’aimable M. de Seckendorff, et j’en ai fait de nouvelles.

De 9 à 11 h. j’ai été tout yeux et tout oreilles, malgré mon air de mélancolique errant. Un instant la Princesse royale est venue à moi et m’a parlé. Je sentais tous les yeux braqués sur moi, mais je ne me suis pas effrayé, et j’ai été souple comme dans un roman de Stendhal. Mais j’ai glané des pages de notes. Un curieux profil de diplomate anglais. De vieux gâteux chamarrés de ferblanteries dorées. Et les femmes.

Je me repaissais de réflexions méphistophéliques.

Un incident :

Vers 10 h. j’étais dans un groupe. Je voyais un

  1. Le peintre Anton von Werner, auteur du fameux tableau du Château royal à Berlin, La Proclamation de l’Empire à Versailles.