Dans ce village en falaises, loin, vers les cloches.
Je redescends dévisagé par les enfants
Qui s’en vont faire bénir de tièdes brioches ;
Et rentré, mon sacré-cœur se fend !
Les moineaux des vieux toits pépient à ma fenêtre.
Ils me regardent dîner, sans faim, à la carte ;
Des âmes d’amis morts les habitent peut-être ?
Je leur jette du pain : comme blessés, ils partent !
Ah ! jusqu’à ce que la nature soit bien bonne,
Moi je veux vivre monotone.
Elle est partie hier. Suis-je pas triste d’elle ?
Mais c’est vrai ! Voilà donc le fond de mon chagrin !
Oh ! ma vie est aux plis de ta jupe fidèle !
Son mouchoir me flottait sur le Rhin…
Seul. — Le Couchant retient un moment son Quadrige
En rayons où le ballet des moucherons danse,
Puis, vers les toits fumants de la soupe, il s’afflige…
Et c’est le Soir, l’insaisissable confidence…
Ah ! jusqu’à ce que la nature soit bien bonne,
Faudra-t-il vivre monotone ?
Que d’yeux, en éventail, en ogive, ou d’inceste,
Depuis que l’Être espère, ont réclamé leurs droits !
Ô ciels, les yeux pourrissent-ils comme le reste ?
Oh ! qu’il fait seul ! oh ! fait-il froid !
Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/96
Cette page a été validée par deux contributeurs.