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Mon Dieu que nous vous regrettons dans ces ruines parlantes ! Car pour la Rome moderne, excepté les pompes sacerdotales, qui en font comme une espèce de Cour du ciel, le reste n’est qu’une suite de raoûts tels qu’on en voit partout.

Nous étions venues ici dans l’espoir de travailler, il n’y a pas moyen ; dès qu’il fait un rayon de soleil, on va se perdre dans les ruines ; le soir, ce sont des dîners, des concerts, des bals ; le lendemain, des cérémonies religieuses ; enfin, Delphine n’a trouvé que le moment de faire une trentaine de vers pour les prisonniers rendus par nous au Pape (125). Il est vrai qu’ils nous ont valu l’honneur de lui être présentées et d’entendre Sa Sainteté adresser à l’auteur de Magdeleine (126) les plus saints encouragements.

Je vous assure que c’était quelque chose d’intéressant à voir que cette jeune Muse chrétienne à demi cachée sous un long voile, prosternée devant le royal pontife et recevant sa bénédiction comme la récompense de sa pureté et comme les promesses des bontés du ciel ; tout cela dans le plus beau temple du monde. C’était un spectacle digne de vos regards poétiques.

Mais, au milieu de tant d’intérêts différents, nous sommes toujours occupées de notre chère France et des amis que nous y avons laissés. Nous espérons leur souvenir, nous en réclamons des