Page:Lafond - L Aube romantique.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

semble que nous avons un compliment de plus à vous faire et nous vous l’adressons du fond du cœur. Sachez bien que tout ce qui vous arrive d’heureux (120) retentit jusqu’aux rives du Tibre et qu’il y a dans cette vieille Rome deux pèlerines qui ne voient rien de beau, de saint, de poétique, sans penser à leur aimable troubadour (121). Hier, en recevant des vers admirables de M. de Lamartine, nous nous sommes écriées : « Ah ! si le cher Émile et son ami étaient là, qu’ils seraient enchantés de cette confidence ! »

J’avais mandé à M. de Lamartine le désastre de Tivoli, la disparition de ces belles cascades que l’on croyait devoir durer autant que les Odes d’Horace ; cette inondation, ce jeu barbare de la nature devait inspirer le génie de sa mélancolie ; il a modulé sur ce triste sujet une espèce d’harmonie dont je voudrais pouvoir vous faire parvenir les sublimes accords, mais ce serait trahir la confiance dont nous sommes si fière ; jugez-en seulement par ces vers épars :

Ah ! faut-il s’étonner que les empires tombent,
Que de nos faibles mains les ouvrages succombent,
Quand ce que la nature avait fait éternel
S’altère par degrés, et meurt comme un mortel ;
Quand un fleuve écumant qu’ont ru couler les âges
Disparaît tout à coup, laisse à nu ses rivages ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Italie ! Italie ! ah I pleure tes collines,