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Charlot quand il eut les mains vides, il m’en rapporta même un morceau que je pris sans faim.

Le froid était vif pour nous qui ne courions pas, mais circuler dans le tumulte de la cour m’effrayait, et il ne venait pas à l’idée de Charlot que quelqu’un pût vouloir de lui dans un jeu. Il n’y avait que deux cours séparées par une large allée ; l’une pour les Grands, l’autre pour nous, entre lesquelles les Moyens se partageaient suivant leur âge. Dans la nôtre, le groupe le plus important s’attribuait le ballon que l’on chassait d’un camp à l’autre en s’excitant de la voix. D’autres élèves jouaient au chasseur et s’atteignaient d’une balle en jetant des cris. Plusieurs autres, fils de fermiers des environs, se réunissaient pour se distraire entre eux et parler leur langue paysanne ; malgré la saison, ils jouaient aux billes d’une main engourdie tandis que l’autre main, à l’abri dans leur poche, y comptait le pécule amassé.