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retourner au Chef-lieu, mais aussi le secret effroi d’une nouvelle vie, et l’ennui de voir s’éloigner ma mère qu’il m’allait falloir perdre de nouveau, et tout à fait. Le jour même, elle se rendit à V…, vit le Directeur du Collège dans lequel je devais entrer, convint avec lui de toutes choses, et m’informa au retour que je reprendrais, dès janvier, mes études. Elle me recommanda le travail ; me représenta le plaisir que ma bonne conduite lui causerait, ainsi qu’à mon père. Elle m’assura d’une sortie hebdomadaire à La Grangère, et me promit de m’écrire le plus souvent possible. Le lendemain elle repartit.

La semaine s’acheva rapidement, dans une inquiétude qui, tout en comblant les jours, m’en fit mieux encore saisir la brièveté. Segonde et ma tante marquaient chaque pièce de mon trousseau du chiffre qui allait être le mien. On commanda au menuisier une petite caisse qui fut garnie de chocolat et de confitures, pour mes goûters, et fermée d’un cadenas dont j’eus la clef. Une autre boîte