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Elle vint enfin. Nous dûmes veiller pour attendre, après le dîner, le train tardif qui l’amenait. Elle me parut plus pâle et plus grande. La voilette relevée faisait un bandeau sombre sur son front. Elle s’émut de nous revoir, et me tint longtemps embrassé.

Nous nous rassîmes autour de la lampe, sous laquelle fumait une tasse de lait qui était tout ce que la voyageuse consentait à prendre. Je la regardais dans la demi-clarté filtrée par l’abat-jour ; ses yeux restaient tristes, et le coin de sa bouche avait cette fossette que je connaissais. Elle s’informa de ma conduite, de la peine que j’avais dû donner, et, comme on l’assurait de mon obéissance, elle ajouta qu’il était temps que je devinsse sérieux.