Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je laissai la table dès l’entremets et passai au jardin. Les cloches y jasaient en langue claire ; celles de la ville et celles encore des villages voisins. J’avais souvent pensé que notre jardin était leur lieu de causerie ; je les écoutais s’y retrouver et se parler, dans le grand calme du Dimanche, et je me disais que c’était peut-être la venue de ma mère qu’elles s’annonçaient mutuellement. J’eus l’idée de faire un bouquet pour orner la chambre qu’il m’allait falloir céder. Rien ne cachait la terre brune des massifs, mais, sur le mur bas dont il disjoignait les pierres, le lierre, parmi son feuillage lustré, offrait des grappes rondes de menus fruits que je me mis à cueillir. À ce moment, une femme au mouchoir noué sous le menton, ouvrit le portail et prit l’allée. Je reconnus en elle la domestique de la Directrice des Postes et la rejoignis à la cuisine assez tôt pour la voir remettre à Segonde effarée, la dépêche qu’elle apportait. Elle assurait, de la part de sa maîtresse qui avait reçu le télégramme, que celui-ci n’offrait aucun sujet