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Elle avait convié au déjeuner une de ses vieilles amies à qui nous faisions visite le Dimanche, et qui souffrait de la solitude aux jours de fête. Je plaçai avec soin les assiettes que me tendait ma tante, puis, par le grand escalier, je l’accompagnai dans les combles, où elle-même s’occupait de conserver des fruits. Je pénétrai, derrière elle, dans une mansarde obscure qu’une odeur forte emplissait. Les œils-de-bœuf ouverts, je vis, sur la paille qui jonchait le sol, de délicats raisins roses dont quelques grains tombés et pourris répandaient une senteur vineuse. De longues poires rousses, bien rangées, couvraient une table où se trouvaient encore de grosses pommes Canada. Des prunes passées au four demeuraient sur leur claie, et, levant la tête, j’aperçus, pendus aux poutres, des paquets d’herbes sèches qui étaient la menthe du bord des routes, la sauge, la mauve et la verveine du jardin. La fenêtre m’attira ; on y dominait la cour où Maria paraissait toute menue ; la route blanche, entre les vignes, et, tout