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On sortait encore exalté, dans la vibration profonde de l’orgue. Les groupes ne stationnaient plus comme le Dimanche, mais se hâtaient vers les rues étroites où des lumières s’apercevaient. Le brouillard s’était levé. Nous remontâmes dans l’omnibus que Justin ramenait de la remise, et le sommeil m’y reprit si bien, que je m’éveillai seulement à la Grangère dans la petite salle où l’on avait dû me porter. Le chocolat fumait dans les tasses, et Segonde me déchaussait pour que mes pieds fussent plus tôt sensibles à la flamme qu’elle venait de ranimer. Je pensais alors à laisser, pour la nuit, mes souliers au foyer ; mon idée fit se regarder les deux femmes, et ma tante prétendit avec embarras que le Père Noël n’avait point accoutumé de venir chez elle, et qu’il serait bien pauvre, s’il songeait d’y passer, en revenant de sa tournée. Je persistais dans ma confiance et, le sommeil m’ayant fui, je serais volontiers demeuré, dans l’espoir d’un cadeau, si je n’avais jugé que mon absence fût plus propice à sa venue.