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souffle tiède sur mon front, ses bras qui m’enveloppaient tout entier, et si bien :

Les anges, dans nos campagnes,
Ont entonné l’hymne des cieux…

Il fallut cependant m’éveiller parce qu’un grand mouvement se faisait autour de moi. Ma tante rassemblait son petit sac, son missel, ses gants sur le prie-Dieu, et se levait pour rejoindre dans l’allée, la colonne des fidèles qui allaient vers la Sainte-Table. Je vis alors qu’avant de suivre sa maîtresse, Segonde s’entourait le visage de la mousseline apportée, et, comme elle, toutes les humbles femmes de la ville, les ouvrières pauvres et les servantes avaient ainsi couvert leur tête pour approcher de l’Époux. La colonne n’avançait plus que par instant ; les communiées revenaient en file par les bas-côtés, les mains jointes ou croisées qu’effleurait le voile baissé ; elles gagnaient leur place, et restaient longtemps agenouillées ; l’orgue priait avec elles à mi-voix. Près de moi, la fillette extasiée béait aux lumières de