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L’office commençait. L’église lumineuse bourdonnait telle une ruche, et je reconnus, dans le cantique dont elle vibrait, un air par lequel, bien souvent, ma mère, le disant lentement, m’avait bercé :

Venez divin Messie,
Sauvez nos jours infortunés ;
Venez source de vie,
Venez…

C’est à peine si nous eûmes de place ; on se dérangeait peu. Je me trouvai enfin assis près d’une fillette à voix aiguë, qui s’épuisait de chanter :

Pour nous livrer la guerre,
Tous les enfers sont déchaînés ;
Descendez sur la Terre…

L’orgue et les voix s’apaisèrent. Le prêtre officiait. Je dus m’assoupir sur l’épaule de ma tante, et c’est mon rêve, sans doute, qui mêle, au souvenir de cette messe celui de ma mère qui n’y assistait pas. Un autre cantique me la rendit présente, avec sa voix, son