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Segonde, tout en défaisant les grains de maïs, en plaça quelques-uns devant moi, dans la cendre chaude où ils éclatèrent bientôt en petites fleurs blanches qu’elle me permit de manger. Ma tante et Segonde craignant de somnoler à la messe, dans l’habitude où elles étaient de ne jamais prolonger bien avant la veillée, nous avions pris d’un café fort, grâce à quoi le sommeil ne m’inquiétait guère. Il y eut un moment de sa lecture où ma tante parla de loups ravissants ; ce passage fut suivi d’un silence que Segonde rompit en me disant : « J’en ai vu, moi, des loups, et justement un soir de Noël, en revenant de la ville… Leurs yeux brillaient derrière les buissons de la route.

— Alors, qu’as-tu fait ? demandai-je.

— J’ai crié : au loup, et j’ai couru en me signant, tellement que j’en perdis l’une de mes galoches, et que je suis rentrée chez nous à cloche-pied… Dame ! je n’étais pas bien gaillarde.

— Et maintenant, que ferais-tu ?…