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fumée. Je croyais vivre une féerie, et que les anges allaient passer. Le demi-jour baissa soudain, la brume devint mauve, je me retournai vers la maison confuse elle-même, au bout du jardin ; mais la lueur du foyer illuminait les deux fenêtres, et j’allai vers elle avec un vif bonheur.

— Et ces fleurs, donc ?… me dit Segonde. Je montrai mes mains mouillées où fondait un reste de givre, et m’assis devant la flamme pour y sécher mes souliers lourds qui commencèrent de fumer.

L’espoir d’assister à la Messe de Minuit, que je n’avais jamais entendue, me réjouissait. Nous dînâmes plus tard que d’habitude afin que la veillée fût moins longue. Nous nous groupâmes ensuite devant le foyer de la petite salle, à la lueur duquel Segonde, sur une chaise basse, défaisait dans son tablier les grains de quenouilles de maïs pour ses poules ; la lampe posée sur la table éclairait le livre pieux dont ma tante nous lisait parfois un passage. Le repas n’avait rien eu