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Nous eûmes quelques jours de neige pendant lesquels je ne pus sortir. Le front collé aux vitres, je regardais, parmi les champs recouverts, les maisons éparses, ancrées comme des nefs sur une mer unie ; ma tante ayant lu tout haut quelques pages d’Histoire sainte, j’imaginais être dans l’Arche, et qu’une main soigneuse y avait entassé toutes les provisions nécessaires à la traversée de l’Hiver.

Noël vint. La veille fut une journée toute voilée de brume douce, où les choses n’étaient plus que leur propre fantôme ; j’eus dans le jardin, au matin, l’impression de vivre au fond d’une eau bleue que le soleil ne perçait pas. Il parut, cependant, vers