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la charmille, et dont un bras était cassé. Je leur portais des fleurs ; la vielleuse les pouvait retenir dans sa main courbée, la muse ne les recevait qu’à ses pieds. Je ne doutais point qu’elles me fussent propices, et je les prenais à témoin de mes travaux. Mais le soir changeait leur aspect favorable ; la muse n’était plus qu’une ombre au fond de la charmille assombrie ; la vielleuse redevenait de pierre, reculait, on eût dit, sous les branches protectrices, et je laissais le jardin.

Ma sympathie pour ce lieu était telle que l’hiver ne m’en chassa pas, et que je trouvais encore à m’y plaire, chaque jour, aux heures où le soleil brillait. Il se faisait plus rare, il arrivait qu’il ne perçât qu’un instant, à midi, pour se voiler ensuite, et ne donner plus qu’une clarté rose que le prompt crépuscule éteignait.

Noël était proche, et leur sourire pâle faisait mélancoliques ces dernières journées de l’année qui mourait.