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le tablier de la cheminée s’agitait. Je me sentais seul ! La chambre de ma tante avait deux lits, mais mon oncle était mort dans celui qu’elle m’eût bien facilement offert sur ma prière ; je savais mon mal sans remède, et le subissais, le corps tendu, les yeux clos. Quelquefois, la demi-clarté du matin me venait seule en aide ; je la devinais sous mes paupières, et, l’esprit calmé par elle, je goûtais enfin un sommeil profond.

Le jour ne m’épargnait point toute crainte ; je ne traversais pas volontiers les pièces isolées de la maison. La salle à manger, si proche, m’était déjà hostile ; le couloir dallé qui la séparait du salon, m’impressionnait de sa résonnance et du jour mystérieux dont l’éclairaient les carreaux peints placés au-dessus des portes. Le large escalier me glaçait : je savais, dès cette époque, que mon oncle, atteint de maladie aiguë, avait été relevé mourant sur les dernières marches, soit qu’il se fût précipité dans l’excès de ses souffrances, ou qu’il fût tombé par faiblesse, en appelant