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Si je goûtais alors pleinement chaque jour, et le vivais dans la joie que mon souvenir retrouve, le soir ne m’en apportait pas moins ses angoisses, où l’effroi de l’ombre se mêlait à la tristesse de n’en être pas défendu par la présence de ma mère.

Rappelé dès le crépuscule, je venais sagement m’asseoir près de ma tante, dans l’embrasure où elle avait coutume de se tenir. Elle n’aimait point qu’on allumât trop tôt et, laissant l’ouvrage, elle promenait ses regards au delà des vignes, sur la bande claire du couchant. Il arrivait alors que les vents orientés de façon favorable, portassent jusqu’à nous l’Angelus sonnant sur la ville ou le village voisin. Ma tante récitait à voix