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jour dominical. Après les premiers soins du ménage, elle regagnait sa mansarde où elle changeait pour un foulard de soie noire, le mouchoir de couleur qui serrait habituellement sa tête, se vêtait de neuf sous une mante ronde, et courait aider sa maîtresse. Ma tante portait, dans la semaine, de longs vêtements gris, simplement serrés à la taille, et un bonnet de dentelles dont les attaches pendaient de chaque côté de son visage austère. Elle était haute, et si droite, que le ventre offrait son appui aux mains croisées, lorsqu’elle se tenait debout et causait. Elle prenait, le Dimanche, une coiffure plus lourde de rubans noirs et violets, dont les brides larges se nouaient à plat sous le menton. Elle descendait avec sa bonne, par l’escalier central de pierre blanche, ordinairement délaissé pour l’escalier de service. La voiture attendait au perron, et les emportait toutes deux vers la ville. Je fus du voyage ; je connus les cahots de la route et la montée des rues étroites. J’entrai avec ma tante dans l’église déjà