Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

était distrait du soin des vignes pour celui de la cour et du jardin ; la maison envahie devenait inhabitable. La salle à manger, le salon, surtout, restaient seuls paisibles, car, notre vie ne les troublant guère, Segonde ne leur infligeait que plus rarement son minutieux nettoyage. Au soir tombant, tout ce monde s’attablait, non dans la cuisine dont la servante défendait l’accès, mais dans une pièce contiguë où le jardinier pensait toujours ne pouvoir se loger. De bonne heure, Segonde congédiait les convives, coupant court aux causeries et pressant, au besoin, le repas. Puis, seule, elle commençait la revue, et, bien souvent, pour monter, je devais attendre qu’elle eût relavé quelque carreau, refrotté un chandelier pas assez brillant à son gré, savonné la table, ou donné le dernier coup de balai ; car elle n’aurait souffert ni que je pusse gagner ma chambre sans elle, ni de laisser sa besogne pour m’accompagner, malgré le conseil répété que lui en donnait ma tante.

Cette activité la reprenait dès l’aube du