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sur la plaque du foyer. Ma tante commença alors une longue prière, et récita le Pater, l’Ave Maria, le Credo, le Confiteor, d’une voix fervente à laquelle Segonde répondait ; puis elle annonça qu’elle allait prier Marie pour le rétablissement d’une personne à qui, sans la nommer, elle nous demanda de penser. J’entendis alors les Litanies de la Sainte-Vierge, et la statue de bois que fixait la récitante m’en parut auréolée : Cause de notre joie, Rose mystique, Tour de David… À chaque invocation, Segonde jetait un rapide Priez-pour-nous, par lequel je craignais de voir se clore la prière. Mais les louanges succédaient aux louanges : Maison d’or, Arche d’alliance, Porte du Ciel, Étoile du matin… Il me semblait que ma tante les créât à mesure… Santé des malades, Refuge des pécheurs, Consolatrice des affligés, Reine des Martyrs !… Les deux femmes se turent, comme une cloche qui a battu tous ses coups, et ce fut une formule plus grave dite pour recommander à Dieu l’âme des morts.