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silencieuse sous la lampe, le repas, le coucher prompt… un modeste et sage bonheur.

J’écrivais de mon mieux à ma mère qui, en retour, m’embrassait bien fort, dans ses lettres à ma tante. Elle pensait venir me chercher à Noël, et, malgré l’ennui où j’étais de ne plus la voir, il ne me tardait guère de rentrer à la ville que j’imaginais si triste sous le brouillard d’hiver. Je pensais plus vivement à elle chaque soir en me couchant, et, à mes prières retrouvées, j’ajoutais la phrase enseignée par ma tante : Mon Dieu, conservez la santé… Ma tante se défiait-elle de mon bon vouloir, avait-elle quelque grâce pressante à solliciter du ciel ?… Elle décida que nous ferions la prière en commun. Le jour même, quand les cruches d’eau chaude montées et le feu allumé chez sa maîtresse, Segonde vint me chercher, ma tante se mit debout devant la Vierge de la cheminée, attira une chaise que ses mains jointes tinrent inclinée, elle m’indiqua un tabouret à son côté, et Segonde s’agenouilla