Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mon séjour à La Grangère, les veillées près du feu, le livre sous la lampe, la prière en commun, toute la vie intime qui allait, sans moi, s’organiser de nouveau, et que je ne retrouverais plus que de temps à autre, le dimanche, avec le regret de la devoir quitter aussitôt. À ce moment, le vent poussa la petite porte de l’enclos qui s’ouvrit en gémissant ; par la baie j’aperçus la route qui s’allongeait entre les champs plus sombres. C’était celle qu’il m’allait falloir suivre dans un temps si proche que la nuit seule m’en séparait ; mais il n’y avait plus en moi qu’un consentement docile, un immense vouloir de servir, contre quoi se trouvait sans force le pressentiment où j’étais que toute l’hostilité de la vie m’attendait au seuil du jardin.



E. GREVINIMPRIMERIE DE LAGNY