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qu’elle se mit à fourbir avec de la terre. Le bruit qu’elle produisit excita le caquetage des poules. L’odeur des feuilles brûlées venait du potager où le tas fumait encore. Ma mère reprit l’aiguille et je poursuivis ma lecture.

Ainsi passa le jour, dans une suite d’instants rapides que je n’osais plus souhaiter retenir. Le vent fraîchit ; ma tante voulut rentrer, ma mère la suivit, je demeurai seul dans la lumière décrue, sous les arbres dont les feuilles tombaient de nouveau. Je fis encore une fois le tour des massifs ; je revis les statuettes amies que mes fleurs mourantes attristaient ; pour un peu j’eusse baisé leur robe et serré les marronniers dans mes bras. Je revins sur le banc où, de la pointe d’un couteau, j’avais gravé mon nom, l’autre année ; la peinture, autour, s’écaillait. Je m’assis ; le ciel s’incendiait d’un couchant d’automne, les nuages épars s’empourpraient, l’odeur des feuilles brûlées devenait plus sensible avec le soir. L’Hiver, secrètement, s’annonçait. Je revis les premiers temps de