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— Il est, déclara ma mère, tout ce qui me rattache à la vie, et tout mon avenir repose en lui.

Je n’entendis plus rien que le vent dans les branches ; d’ailleurs, je n’en écoutai pas davantage… Ma mère pleurerait mon absence et ne vivait plus que pour moi !… Ce fut comme si moi-même je me reprenais à vivre. Je compris que ma lourde peine des derniers jours me venait surtout d’avoir cru à son indifférence et que ma présence et mon affection ne lui étaient de rien. Je descendis m’asseoir près d’elle, sur la chaise basse. Je n’éprouvais plus le désir d’échapper à la rentrée ; j’essayai de me dire que le lendemain, rien de tout ce que j’aimais ne serait plus autour de moi, mais un grand courage me soutenait et j’acceptais toute la vie. Les yeux de ma mère s’abaissèrent sur les miens qui se tournaient vers elle ; de sa main, elle toucha ma joue en essayant de me sourire : tout mon cœur s’offrit à elle dans mes regards.

Segonde passait, portant un chaudron