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vers le feuillage éclairci des marronniers, la voix de ma mère qui causait avec ma tante me parvint ; j’écoutai. Ma mère disait avoir achevé la veille la révision de mon trousseau ; rien n’y manquait, affirmait-elle ; elle ajouta : « Dieu merci, le tout peut encore servir cette année, bien que le petit use beaucoup ». Ma tante dit :

— Sais-tu qu’il a bien de la peine à te laisser ?

— J’en ai aussi de le voir partir, répondit ma mère ; il me faudra lui cacher mes larmes… Elle reprit : Plus tard, il comprendra que j’aurais aimé le garder près de moi… Lui présent, je serais plus sûre de ma force !

— J’ai connu plus complètement que toi la solitude, fit ma tante, et tu vois, j’ai vécu… Il faut prier.

Ma mère dit : — Je prie… Mais Dieu m’a bien frappée !

— Garde-lui ta confiance, continua ma tante, et mets ton espoir en l’enfant qu’il te laisse.