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l’âtre. J’eus tout à coup l’envie de goûter à cette cuisine paysanne, et décidai Maria à m’emplir une assiette de la soupe qu’elle venait de tremper ; je la mangeai du meilleur cœur, tandis qu’elle me regardait avec une commisération feinte pour mon air affamé. En revanche, je ne fis guère honneur au déjeuner de ma tante et l’on dut mettre mon abstinence sur le compte de la tristesse, car personne n’insista, comme on avait accoutumé de le faire, pour me pousser à manger. À ce moment, je m’attendris si fort en moi-même que, de nouveau, le désir me vint de supplier ma mère et d’emporter son consentement à ce que je brûlais d’obtenir. Mais je me persuadai que l’instant du dessert serait plus propice ; j’attendis. Le dessert passa sans que je me décidasse. Je me fixai comme limite l’arrivée du café, mais on le but sans que j’eusse desserré les lèvres. Je me dis qu’avant peu ma mère s’installerait à coudre et que j’aurais tout loisir de plaider ma cause. Je m’assis dans la salle à manger pour feuilleter