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chargeai dans une brouette pour les porter au potager. Lorsque j’eus fini de les amonceler, je mis le feu à ce bûcher d’automne. Une vapeur blanche s’éleva en enveloppant la flamme, puis celle-ci s’affaissa et brûla en dedans de la meule, révélée seulement par un filet de fumée qui continua de monter. On eût dit le jardin balayé ; quelques fleurs y demeuraient encore : roses que les nuits fraîches empêchaient de s’ouvrir, longs hélianthèmes qui oscillaient sous le poids de leur tête rayonnante. En les cueillant je trouvai entre les feuilles, un ruban que je reconnus avoir appartenu à Zoé ; elle en laissait pendre souvent de ses poches trop emplies, et nous avions vainement cherché celui-là. Il me rendit présente mon amie ; en le roulant sur mes doigts, je pensais tristement à elle qui ne savait rien de mon malheur. La chanson de Segonde me revint en mémoire :

Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier,
         Voyez.