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sous des ombrages ; j’aimais La Grangère, mon souhait se fût borné à n’en pas sortir.

Je me décidai à pousser les volets ; les champs baignés d’azur m’apparurent, quelques vapeurs traînaient encore ; je distinguai au loin, dans les vignes, de l’autre côté de la route, des points colorés et mouvants qui étaient des vendangeurs. Il faisait frais ; un peu de vent me porta leurs rires. Je pensai que pour la dernière fois je jouissais de la liberté du réveil, de ce bain de soleil et d’air pur, de l’étendue des paysages ; j’aurais voulu embrasser toutes ces choses, et je trouvai au fond de mon cœur la plus ardente prière pour que Dieu fît le miracle de m’éviter le départ ; mais dans le temps que je m’exaltais, je sentais la puérilité de mes vœux, et la certitude que ce jour marquait la fin de mes quotidiennes rêveries m’agita d’une grande hâte à le vivre tout entier. Je descendis au jardin où je m’employai à ramasser des feuilles mortes, qu’à l’aide du râteau je