Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

traversa la salle à manger et tira la porte du vestibule où elle s’avança. Nous entendîmes ses pas sur les dalles ; elle dut aller jusqu’à la cage de l’escalier… La rauque exclamation qui rompit alors le silence m’emplit d’horreur, et fit se dresser ma tante. La femme qui reparut n’avait plus rien de ma mère ; une voix que je ne reconnus pas, balbutiait : « Un couteau… des hommes… qu’on appelle !… » Segonde qui rentrait se précipita ; ma tante ouvrit la fenêtre, atteignit la chaîne de la cloche qu’elle ébranla de façon désordonnée, et fit signe de ses bras levés. Justin, le premier, sauta dans la pièce et la suivit dans le couloir dont la porte fut refermée.

Je demeurai seul et tremblant, écoutant venir du corridor sonore, des ordres brefs à mi-voix, des exclamations contenues, les pas lourds, le halètement d’un homme qui monte, marche à marche, sous un fardeau.