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voir irrité. Il vivait de notre vie, ne sortait plus qu’à peine, se couchait comme nous et pour la nuit entière, sans toucher au piano qui ne mêlait plus d’harmonies à mes rêves ; ma mère cependant ne le quittait point. La veille, il était descendu avec elle au jardin comme je lisais sous un arbre, et passant derrière moi, il s’était penché sur mon livre en me caressant les cheveux. Le soir, il s’était assis près de nous, devant la porte, et, au moment des adieux, m’avait doucement attiré contre lui comme s’il eût voulu m’embrasser. Je pensais à toutes ces choses pour m’en réjouir, lorsque je vis à mes pieds dans l’allée, un oiseau palpitant aux sombres ailes étendues. Je le pris dans mes mains qu’il se mit à pincer de ses courtes pattes griffues, tandis que son œil dilaté me fixait. C’était un martinet ; tombé sur le sol, il ne pouvait y reprendre l’élan nécessaire à voler. Je rentrai montrer ma capture. Ma mère qui était descendue, cousait près de ma tante, en costume de matin, attendant que le moindre