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Un jour se leva qui devait à jamais marquer ma vie, et dont l’aube comme de coutume vint m’éveiller avec douceur. Je sortis tôt, ayant hâte de vivre tout entière chacune des journées qui me restaient. Je passai de l’enclos dans la prairie, et vis les volets fermés chez mon père, mais par la fenêtre voisine, entr’ouverte, j’aperçus ma mère qui se peignait. Je l’appelai à mi-voix, elle me sourit, un doigt sur ses lèvres en me faisant signe de rentrer au jardin ; mon père devait dormir. Un grand calme semblait lui être venu depuis une semaine ; une sereine indifférence à tout ce qui, autrefois, l’excédait. Il avait repris sa place à notre table, et, s’il y demeurait silencieux, du moins pouvais-je mieux être moi-même sans l’en