Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une poule que les autres battaient, errait librement dans le jardin ; l’odeur des fruits coupés l’attirait près de nous, mais elle n’osait s’avancer jusqu’au tas d’épluchures et nous regardait avec méfiance, et de chacun de ses yeux tour à tour, en paraissant se parler à soi-même. Je lui jetais quelques pelures qui l’effrayaient d’abord, puis qu’elle revenait prendre et cogner sur le sol d’un bec dur. La chanson continuait :

Mon ami m’a laissé…
Pour une simple rose,
Que je lui refusai !

Les vendanges prochaines peuplaient la campagne de chemineaux qui cherchaient à se louer comme « coupeurs ». Il en venait jusqu’à la maison ; en nous voyant dans le jardin, ils s’arrêtaient à la grille pour demander à être engagés. Segonde les jugeait d’un œil prompt et secouait la tête, affirmant que la troupe était au complet. Elle disait vrai, car, chaque année, les mêmes gens à peu près venaient aider à recueillir la ré-