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et je ne laissais pas de beaucoup penser à elle ; ses yeux déviés m’intriguaient ; je me demandais comment les choses venaient s’y peindre, et je m’essayais secrètement à me donner son regard. Segonde qui me surprit, me gronda en m’assurant que je loucherais comme Zoé si je continuais à me moquer de celle-ci. Un après-midi, je la trouvai au jardin où elle était venue avec Gentil qui s’occupait du potager. Comme nous causions sur le banc, la tentation me vint de loucher encore, et j’y réussis si bien que je me tournai sur-le-champ vers la fillette pour la prendre à témoin de mon succès. Elle se leva et partit en pleurant. J’eus conscience de ma méchanceté involontaire, et courus après Zoé pour la consoler. Je lui offris des fleurs, mon couteau, un livre, dans la crainte où j’étais qu’elle n’allât se plaindre à son oncle et que quelque chose n’en vînt à la maison… Mais à toutes mes propositions elle secouait sa tête baissée et sanglotait plus fort en se frottant les yeux. J’étais à bout de