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Je lisais encore les paroles des Psaumes, mais elles me semblaient obscures et m’inspiraient une crainte que je ne tentais pas d’expliquer. Souvent, au milieu de ma lecture, arrivait Mlle  Aurélie ou quelque autre amie de ma tante qui nous rendait à son tour nos visites de l’hiver ; elles se montraient bienveillantes pour moi, me tapotaient la joue, et se plaisaient encore à constater ma ressemblance avec ma mère. Elles goûtaient l’ombre et le calme de notre retraite ; le soir venait cependant qu’elles rapportaient les petites histoires de la ville, ou les paroles du sermon ; ma mère leur cueillait des fleurs. On les eût priées à dîner sans l’irritation que risquait de causer à mon père leur présence à notre table. Elles semblaient comprendre l’embarras où nous étions de les retenir, et nous laissaient de bonne heure, trouvant elles-mêmes un prétexte à leur départ. La table était alors dressée dehors, et j’aimais ces repas sous les arbres, tandis que mourait le jour. Mon père se