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Si une feuille détachée des marronniers se posait en main ouverte sur son ouvrage, elle l’enlevait doucement, et son regard, détourné de la besogne, me souriait. Elle me demandait de lui lire quelque passage de mon livre de prix, où étaient des pages choisies des Mille et une Nuits ; elle s’intéressait avec moi au voyage d’Aladin à travers les salles mystérieuses et les jardins aux fruits de cristal ; au défilé des esclaves de la Lampe ou des serviteurs de l’Anneau ; à la surprise heureuse de la pauvre mère devant les plats d’or servis au souhait de son fils. Je m’arrêtais pour commenter avec elle l’apparition des Génies, la capture étrange du pêcheur, ou telle autre surprenante aventure de poissons parlants ou de Princes enchantés au fond de palais solitaires… Mes doigts se collaient à la couverture peinte, d’où je les retirais fardés du rouge qu’ils y avaient pris, et ma mère me recommandait de les éloigner de son ouvrage.

Ma tante ne nous rejoignait guère que