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je rêvais être libre. Lorsque je me réveillai, la voix du maître qui réprimandait un élève me parut frapper mes oreilles pour la première fois ; ma bouche était amère et mon front était lourd. Des insectes bourdonnaient et le soleil semait des taches rondes sous les arbres ; la chatte aveugle traversait la cour… Je repris la vie comme un fardeau. La cloche sonnait la sortie, j’eusse préféré demeurer tant mes membres se refusaient à toute fatigue. J’allai m’étendre au pied d’un arbre, où Charlot ne tarda pas à venir me rejoindre. Nos camarades, en groupe devant la Chapelle, paraissaient discuter un jeu nouveau ; nous les vîmes se lier tous par la main, en une longue chaîne que Rupert en tête commença de dérouler. Il la fit lentement serpenter entre les arbres, évoluer autour de nous, l’animant d’un mouvement de plus en plus rapide à mesure que sa course se précipitait. En passant près de notre arbre, le dernier qui était Méjean, saisit Charlot par le bras et l’entraîna. Rupert imprima aussitôt à la chaîne un