Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.

croire qu’il errât sans dessein de mon côté ; bientôt, je le vis s’approcher tenant un objet qu’il examinait. Il leva sur moi des yeux timides, et me demanda si je n’avais pas perdu un couteau ; en même temps, il me montrait celui qu’il portait, qui était de corne blonde avec un anneau. Je n’en avais jamais possédé de semblable. Charlot resta près de moi. Nous causâmes comme si rien ne s’était passé ; il apportait seulement à s’exprimer un peu moins d’abandon que d’habitude, et moi, je me sentais plus triste de ce qu’il fût venu. Il me tendit la main à la rentrée, et son sourire était tel que j’en eus presque des larmes.

Nous continuâmes, ces derniers jours, de nous retrouver ainsi ; de plus en plus la solitude se faisait autour de nous. Des hommes clouaient à grands coups les solives de l’estrade ; nous ne travaillions guère que le matin ; le reste de la journée se partageait entre l’étude et la cour où personne ne jouait plus. Un jour, je m’endormis sur ma table et