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autres, à la fable : Le Villageois et le Serpent :

Il est bon d’être charitable,
Mais envers qui ?… C’est là le point.
Quant aux ingrats, il n’en est point
Qui ne meure enfin misérable.

J’appelais les vacances. Elles m’apparaissaient comme un portique ouvert sur de lumineuses prairies, tout au bout du couloir sombre où je devais me traîner encore quelques jours. Tout mon cœur tendait vers elles, et j’aurais voulu dormir jusqu’à leur premier jour. Je sentais autour de moi une suspicion constante, une sourde hostilité que je ne m’expliquais pas : on cessait de parler à mon approche et, quand je passais, des regards me désignaient. Les récréations surtout me lassaient. J’en étais venu à m’asseoir au seuil d’une classe, à regarder errer les autres dans la poussière qu’ils soulevaient, ou choir, une à une, quelques feuilles déjà grillées. Charlot allait et venait devant moi avec une apparente indifférence, mais je ne pouvais