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Daunis laissait faire et ne s’assurait même pas un partisan. Bereng, las de combattre, revenait vers moi qui me laissais presque persuader. Le moment vint vite où la décision dut être prise. Méjean et Terrouet avaient préparé des bulletins au nom de Rupert, Courtot les aidait dans leur distribution ; Bereng, qui s’y était pris trop tard, tâchait de placer utilement ceux qu’il avait pu faire pour Daunis. J’en reçus des deux sortes, mais promis à Bereng de ne me servir que du sien. Nous fûmes rassemblés après le dîner dans la salle de physique. M. Laurin, aidé du Surveillant général, recueillit les votes et procéda au dépouillement. Il n’y eut que deux bulletins au nom de Daunis ; celui de Bereng et celui de l’intéressé, un troisième portait : Je vote blanc. Tous les autres désignaient Rupert… Ma voix aussi lui était allée ; je ne pensais pas que son rival serait si dépourvu ! Bereng me regarda avec colère, jeta, en sortant, une phrase où je distinguai le mot trahison, et s’éloigna en emmenant