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tendres, leurs mystérieuses implorations excitaient en moi les plus hauts sentiments. Je me laissais aller à ouvrir la fenêtre au risque d’être surpris et grondé, parce que mon plaisir était plus vif de les entendre dans le décor nocturne des feuillages. Les branches semblaient vibrer comme moi-même, et leurs feuilles légèrement remuées de vent frais, ajoutaient aux chants leur bruissement harmonieux.

Je ne pouvais penser à autre chose au long des classes du lendemain, et Bereng qui, dès le samedi, me voyait dans l’attente fiévreuse du dimanche, m’accablait au retour de questions sur La Grangère et la façon dont je m’y divertissais. Il y eut un jour où je me réfugiai, au cours d’une récréation, dans une classe qu’éclairait une baie à vitres dépolies sur lesquelles je me faisais un jeu de suivre l’ombre projetée par les élèves qui passaient. J’y voyais leur vivante caricature, et la silhouette de certains camarades évoquait précisément l’animal auquel je les