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je cherchai le souvenir de toutes les bontés dont il avait comblé ma petite enfance. Je me rappelai la constante exubérance de son affection, son empressement à satisfaire tous mes désirs, qui me l’avait fait d’abord préférer à ma mère ; son essai de m’enseigner le piano, en dépit de mon inhabileté et de l’impatience que lui donnait cette timidité dont je ne me pouvais départir en sa présence, et que doublait le sentiment de ma maladresse. Je me jurai d’être naturel, et qu’il n’aurait pas lieu de me reprendre en quoi que ce fût. Je me tourmentai si bien, dans le temps que la voiture mit à me conduire du Collège à la maison, que, malgré l’accueil affectueux de mon père, je ne pus trouver mes mots tant que je fus devant lui. Mes yeux se baissaient malgré moi, ma pensée demeurait incertaine, et je souffrais cruellement de ne rien pouvoir lui exprimer de ma tendresse. Par bonheur, au cours de cette entrevue et ensuite, pendant le repas, ma mère se répandit en explications sur mon travail et sur ma conduite dont le