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à leur pied, et j’atteignis la brèche au bord de laquelle je risquai mes regards. Rien ne bougeait, j’appelai Rupert à mi-voix et me décidai à franchir les pierres écroulées. Je me trouvais dans un gazon humide dont je sentis la fraîcheur à travers mes souliers où mes pieds étaient nus. J’avançai prudemment jusqu’à l’allée ; elle semblait un fleuve clair, au delà duquel le sapin noir gardait la masse ténébreuse du parc. Les fleurs n’étaient pas coupées ; je me dis que Rupert avait dû s’engager sous les arbres, et je n’hésitai pas à y pénétrer. Bientôt, une nuit complète se fit autour de moi ; les arbres m’enveloppaient et me considéraient du haut de leurs cimes, entre lesquelles nulle étoile ne brillait plus ; l’un d’eux m’atteignit d’une branche. Une forme blanche apparut sur un socle, en face de moi… J’appelai Rupert, son souvenir gardait mon courage ; cependant je cherchais à fuir, et je pris au hasard les sentiers qui se trouvaient sous mes pas. Je ne réussis qu’à m’égarer davantage. Quelque chose ayant