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dant que c’était moi qui l’avait cueillie dans le mystérieux jardin. Sur-le-champ, il demanda de sortir, et, comme lorsqu’il revînt je m’étonnais de lui voir les mains vides, il me dit qu’il avait seulement voulu se rendre compte du lieu où étaient les fleurs, et m’assura qu’il irait, dans la nuit, les cueillir toutes.

Dès le coucher, je me défendis contre le sommeil pour guetter Rupert que j’aurais voulu suivre dans l’audacieuse expédition, mais il s’endormit des premiers, comme d’habitude et, moi-même, je ne pus veiller bien longtemps. Mes yeux se rouvrirent vers le milieu de la nuit, et se portèrent sur le lit voisin qu’ils crurent voir désert ; je ne doutai plus que Rupert fût parti, et me vêtis en hâte pour le rejoindre. On ne fermait à clef que la porte du fond ; celle de l’escalier restait libre ; on pouvait, par là, gagner la cour ; j’eus vite fait d’y descendre ; le feuillage profond des ormeaux dormait sous un ciel constellé où montait une lune cornue. J’allai d’arbre en arbre, parmi l’ombre plus dense