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la vis venir à moi, couper entre les lances une fleur, qu’elle me tendit. Le sentiment que j’éprouvai alors de sa réalité me remplit de confusion, et me fit me sauver sans un mot avec cette fleur que je n’avais jamais vue et que je sus depuis être un Iris. Une délicate senteur se dégageait des trois pétales recourbés sur le calice ; la nervure des autres était velue comme une chenille. Je brisai la tige et dissimulai la fleur pour regagner la classe où je rêvai longtemps à l’étrange manière dont ce présent m’était venu. Le soir, en étude, pour l’admirer encore, je la déposai sur ma table, entre deux livres épais qui la dérobaient aux yeux du maître. Elle fut vite l’objet des convoitises ; personne ne savait d’où je la tenais, et, sous différents prétextes, chacun se leva pour la venir voir. Je dis à Courtot qui m’interrogeait, qu’elle naissait d’une plante rare rapportée des contrées chaudes, et que les parterres de ma tante en étaient couverts. À Rupert, en cachette, je confiai sa provenance véritable, en lui disant cepen-