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vertes ; par la suite, il ne s’en approcha plus que le sommeil ne nous eût tous gagnés. Après les avoir refermées, il se mettait à travailler dans l’alcôve à l’aide d’une petite lampe ; il ne put continuer, parce qu’un élève se plaignit de ce que cette clarté l’empêchait de dormir. Alors il demeura, chaque soir, plus longtemps à la fenêtre qui touchait l’alcôve ; ceux qui se réveillaient disaient l’y voir à toute heure ; je l’y surpris un jour en ouvrant les yeux dès l’aurore ; la légende s’établit qu’il ne se couchait pas.

Un matin, après une nuit trop chaude, je me sentis si las que je demandai de rester au lit. Je demeurai seul dans le dortoir désert où la plus lourde torpeur m’accabla. Mon engourdissement cessait par intermittence, mes yeux, un instant entr’ouverts, suivaient aux carreaux le défilé moutonnant des nuages sur le ciel d’un bleu dur, et se refermaient. À l’un de ces demi-réveils, après midi, je trouvai mon déjeuner dans un plateau posé près de moi sur une chaise, et, sur le lit de