Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’autre côté de la rue ; une odeur de terre arrosée en montait encore, très forte parfois. M. Laurin s’accoudait à l’une des fenêtres, jusqu’à ce que, le dortoir endormi, il les refermât toutes. Il ne fallut bientôt plus le prier pour les lui faire ouvrir ; la chaleur crût si bien, qu’on n’eût pu songer à nous priver d’une aération nécessaire après le déshabillage. Dès lors, notre sagesse diminua ; des rires naissaient pour la chanson d’un passant, pour une conversation entendue, et obligeaient le maître à revenir au milieu de nous. Chaque soir, le même bruit de pas et de voix contenues annonçait un pensionnat de fillettes que leurs maîtresses ramenaient de promenade à la tombée de la nuit ; une toux générale secouait alors les lits, parce qu’on avait cru comprendre qu’à ce moment-là M. Laurin quittait plus difficilement la fenêtre. Après une de ces espiègleries, il les ferma pour nous punir et, malgré le murmure que nous fîmes entendre, il nous fallut nous endormir sans qu’elles fussent rou-