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nant qui s’isolait et paraissait dédaigner les autres. Je n’osais pas encore aller à lui, mais je l’écoutais de toute mon âme, lorsqu’au milieu du chœur son chant s’élevait si pur que l’harmonium paraissait hésiter à le suivre, et ne l’accompagnait plus qu’en sourdine.

Au matin du grand jour, la cour s’emplit d’une foule parée, où les mères se distinguaient par l’élégance de leur toilette ; les fillettes, vêtues de clair et les cheveux bouclés, se tenaient près de leur frère et semblaient craindre qu’on les oubliât. Les Communiants demeurés après nous au dortoir, entrèrent en file dans la Chapelle déjà emplie ; leurs mains jointes portaient le chapelet cliquetant, leur bras gauche s’ornait d’un nœud de satin, leur maintien demeurait si grave qu’ils passèrent en étrangers parmi nous, qui nous donnions tout à eux. Gernon qui, disait-on, avait rêvé tout haut, ne baissait pas ses yeux clairs, mais il les tenait si fixement arrêtés devant lui, qu’ils semblaient plus clos encore que ceux des autres