Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’est bien égal… » Mais un rictus nerveux tirait ses lèvres ; M. Laurin s’interposa.

Aux récréations suivantes, la persécution ne se manifesta plus que par le silence et l’isolement soigneusement faits autour du petit. Il y parut indifférent et joua dans un coin avec ses billes ; le soir, il ramassa les fleurs d’acacia et s’assit à l’écart pour les trier dans son tablier : mais en feignant de se poursuivre, deux Moyens le bousculèrent et dispersèrent sa récolte. Un grand remords m’envahit. Au dortoir, les lampes éteintes, j’entendis un bruit de sanglots ; je me levai, c’était bien Charlot qui pleurait, la tête à demi cachée par les couvertures sous lesquelles il tentait d’étouffer la plus violente crise de larmes. Je me penchai et voulus le découvrir, mais ses yeux brillants me fixèrent avec colère, et, se détournant de moi, il me dit : « Va-t’en ». Je le laissai.

Deux jours encore il subit cet ostracisme ; seul, Daunis ne se refusait pas à lui répondre ; j’aurais aussi souhaité lui parler, mais il me